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S'organiser face au CPE
11 mars 2006

Comment faire pour qu’un blocus de lycée puisse être un succès ?

Comment faire pour qu’un blocus de lycée puisse être un succès ?

Jeudi 9 et vendredi 10 mars, un blocage a été organisé au lycée Mariette, mais un certain nombre de problèmes a été rencontré (lesquels ont fait échouer le blocage d’un autre lycée de Boulogne). Je tiens donc à faire partager mon expérience afin que d’autres blocages puissent fonctionner.

Divers problèmes se posent lors d’un tel blocage, puisque le but est que ce dernier ne soit ni brisé, ni discrédité. Il faut d’abord installer le blocus et conserver un maximum de personnes devant les grilles pour la journée, afin d’être crédibles. De plus, il faut éviter d’être expulsés, d’ou l’intérêt de volontaires pour maintenir le calme et d’autres pour entrer en relation avec l’administration (si cette dernière veut bien coopérer). Enfin, il convient d’agir de manière unie, au niveau d’un seul blocage, tout comme à plus grande échelle, d’où l’importance (cruciale !) de la communication.

  1. Installation du blocus et maintien des volontaires

           A.Installlation du blocus

C’est avant tout un problème technique. Il faut déjà trouver un certain nombres de volontaires disponibles qui puisse arriver vers 6h45-7h pour pouvoir se mettre dans les grilles. Au moins 5 à 10 personnes dès le départ devant les grilles principales. Pour bloquer ces grilles, il est très important de ramener des chaînes et des cadenas, avec au moins une chaîne cadenassée par grille. Au pire, du fil de fer et du gros scotch, mais ce n’est pas vraiment efficace.

Une fois le blocus installé, les gens commencent à arriver. Là, le dialogue est essentiel : il faut expliquer au gens le pourquoi de ce blocus, qu’ils soient professeurs ou élèves, afin d’essayer d’en convaincre un maximum de rester et de vous soutenir. Des distributions de tracts ou autres peuvent aider. Ce qu’il ne faut surtout pas oublier, c’est de les prévenir qu’une AG avec  vote sera organisée à 8h, afin de savoir si les élèves souhaitent poursuivre le blocus ou non. Le but est de montrer que l’on procède de manière démocratique et ainsi on ne peut pas nous dire que l’on est le fait d’une minorité !

Arrive 8 heures, alors que tous les élèves sont réunis. C’est à cette heure qu’il faut organiser l’AG. On réunit les élèves devant les grilles et on fait parler, avec une répartition égale du temps, 2 élèves : Un qui est pour le maintien du blocus, et un autre qui est contre ce même maintien. S’ensuit un vote à main levé, ou en séparant les Pour des Contre. Le vote peut être effectuer à plusieurs grilles différentes, avec cumul des voix. En règle général, il n’est pas nécessaire de compter, une majorité s’impose assez facilement.

S’ensuit normalement le prolongement du blocus. Il faut alors organiser des AG régulièrement, toutes les 2 heures ou toutes les 4 heures, voire plus ça dépend, en général 2 ou trois dans la journée.

      B. Maintenir les volontaires

Le problème qui se pose ensuite, c’est de faire rester les gens sur place. Une bonne partie retourne en effet chez eux.

La première chose à faire, c’est de faire des chants, d’organiser l’animation, mais ça ne se fait tout seul :p

Il faut ensuite prévoir le ravitaillement. C’est souvent quand arrive 11 heure ou midi que beaucoup partent. Or, il ne faut pas laisser les grilles avec personne devant…Donc, diverses solutions sont possibles. Soit une partie par manger, et l’autre attend. Sinon, ce qui est mieux c’est que certains aillent chercher des baguettes et de quoi faire des sandwich. Le must, c’est si la police est d’accord pour que vous installiez un barbec’ !! (Les bons hot-dog ^^)

Pour s’asseoir, il faut également que ceux qui peuvent ramènent des bâches, des cartons, ce qui permet également de se protéger de la pluie.

Les musiciens sont également les bienvenus.

En fait, tout ce qui peut améliorer le confort et l’ambiance est important, ça permet d’éviter que les gens partent, et ça montre que nous sommes mobilisés.

  1. Maintenir le calme, être en règle avec l’autorité

                A. Etablir le contact avec l’administration

            

Etablir le contact avec l’administration peut sembler anodin, mais c’est essentiel. En effet, ce sont eux qui risquent fort d’appeler la police si le blocage se passe mal. Il convient donc de les informer. Les informer, c’est un moyen de leur montrer que le mouvement est organisé, que les lycéens prennent les choses en main. Par les informer, j’entends leur dire quand on lieu les AG, leur expliquer que cela se passe démocratiquement, que les lycéens sont responsables. De plus, cela montre que nous ne sommes pas contre l’autorité, mais contre le CPE !

De plus, il peut être question du personnel non enseignant. Si des personnes s’occupent de l’entretien ou de la cantine ou de la sécurité, et sont déjà rentrés dans l’établissement, il faut savoir à quoi s’en tenir, ne pas non plus les enfermer dans le lycée, sachant qu’ils ne sont généralement pas opposés aux lycéens. Si le lycée comporte des logements, avec des personnes habitant dans l’enceinte même du lycée, il est important de voir leurs nécessités. Ces gens ne doivent pas non plus être les victimes du blocus.

Il est éventuellement possible que le proviseur refuse de coopérer. Mais si le lycéen a fait le geste d’essayer d’établir le contact avec l’administration, c’est toujours un bon point. Il ne faut pas perdre de vue que le proviseur cherche avant tout à garder sa place, risquera-t-il alors de prendre des décisions risquées ? Yen aura toujours des bornés, mais ça c’est une autre histoire.

         B. Maintenir l’ordre

Il faut absolument éviter tout débordement ! A partir du moment où il y a des troubles, il y a la police, et là, c’est mal barré. L’idéal reste que certaines personnes s’en occupe plus particulièrement.

Le  premier type de débordements, c’est si certains éléments perturbateur du lycée même veulent faire de la casse. Il faut alors essayer de les empêcher, de leur parler, faire pression, les convaincre par tous les moyens possibles. A cela s’ajoutent ceux qui picolent. Il faut demander à ceux qui consomment des bières (en trop grandes quantités ;) ), en général ceux qui commencent dès 9h du mat’, d’aller se bourrer la gueule ailleurs, sinon ça devient dangereux.

Le plus difficile à maîtriser reste les casseurs, ceux qui viennent d’autres lycées ou d’ailleurs, par bande, et qui foutraient bien le bordel s’ils le pouvaient. Là, difficile de leur dire de partir sans les provoquer. Il faut rester uni, plus nombreux qu’eux surtout, et attendre qu’ils partent.

Ces cas de figure sont ceux qui me semble les plus nombreux, mais je ne suis pas un  CGTiste de 50 ans : je n’ai pas beaucoup d’expérience en la matière !

A partir du moment où des canettes traînent partout, la circulation est bloquée, cela signifie qu’il y a trouble de l’ordre public ! Donc la police arrive, et le blocage a toutes les chances d’être forcé.

          3.Communiquer et être unis !!

A.  La communication entre les lycéens d’un même blocus

Le gros problème des blocages de lycée, c’est qu’il n’y a pas d’organisation derrière, de syndiqués pour tout organiser et unifier. Il faut que certaines personnes assurent la communication entre les divers groupes devant les divers entrées du lycée. Il faut que les décisions soient prises en commun. Si les uns veulent faire un blocus total par exemple, et d’autres un blocus filtrant, c’est pas gagné ! Il faut donc discuter les divers avis, et prendre des décisions concertées, de telle sorte que  la même réponse soit donnée au proviseur et à la presse par exemple.

B.  La communication avec l’extérieur

Communiquer avec l’extérieur, c’est déjà communiquer avec la presse. Il faut appeler les journaux locaux, la télévision, la période, pour montrer à tout le monde qu’on est bel et bien là, et qu’on est motivés.

Il faut aussi essayer de maintenir un contact avec le reste de la France et l’information. C’est toujours motivant de savoir comment, au niveau national, le mouvement a été poursuivi et en quoi notre lutte n’est pas vaine !

Enfin, il faut communiquer entre les divers lycées de la ville, voir ce qui se passe, si le mouvement est suivi, s’il y a des problèmes à un endroit ou un autre etc. Unifié, le mouvement à beaucoup plus de chances d’avoir du retentissement !

Voilà ce qui m’apparaît être le plus important. J’ai sans doute oublié des choses, et il y a aussi des problèmes auxquels je n’ai pas pensé, mais l’essentiel est d’être organisé. Comme dit l’adage, « l’union fait la force » !!

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Commentaires
P
Je ne pense pas d'ailleurs que deux semaines de blocus fassent le poids par rapport à 8 années (si on compte le CNE) de travail ultra-précaire, incertitude totale, et tous les abus que cela risque d'entraîner!
P
La citation de Huguo, c'est "Ouvrons des écoles de parents, fermons les prisons", donc essaie quand même de ne pas détourner les propos d'un écrivain quasi-révolutionnaire pour tenir un dialogue opposé à ses idéaux s'il te plaît!
P
... à condition, bien sûr, que l'on considère qu'empêcher les jeunes de s'instruire constitue un succès. Moi qui pensait naïvement que c'était le moyen pour les plus démunis de sortir de leur condition.<br /> Pour prendre le contrepied de Victor Hugo: fermons les écoles et ouvrons des prisons!
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